
Environ 4% des crĂ©dits hypothĂ©caires accordĂ©s en Suisse en 2021 l’ont Ă©tĂ© par le biais de plateformes en ligne. Cela correspond Ă un volume de quelque 7 milliards de CHF – une belle performance pour un segment de marchĂ© qui n’a fait son apparition dans le pays qu’en 2012 et n’y est vraiment actif que depuis 2015. ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß a vite compris que ce phĂ©nomène Ă©tait le signe d’un changement d’époque et a lancĂ© une première plateforme hypothĂ©caire, ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß Atrium, dès 2016, avant de l’intĂ©grer Ă key4 by ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß en 2021.
Comment cette croissance rapide s’explique-t-elle? Qu’est-ce qui rend ces plateformes si intéressantes pour les investisseurs institutionnels? Parmi les différents modèles, lequel est adapté aux caisses de pension? Le succès rencontré est-il principalement dû au faible niveau des taux et, si oui, la fin des taux négatifs sonnera-t-elle le glas des plateformes de ce type?
Stephan Bereuter, CIO de la Caisse de pensions Migros (CPM), rĂ©pond Ă toutes ces questions, car cette caisse de pension a investi via ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß Atrium/key4 dès les dĂ©buts de la plateforme.
Qu’est-ce qui pousse la Caisse de pensions Migros à investir dans des hypothèques sur key4?
Qu’est-ce qui pousse la Caisse de pensions Migros à investir dans des hypothèques sur key4?
Stephan Bereuter: Lorsque les taux négatifs ont été introduits en 2015, nous avons cherché une solution de rechange aux placements en valeurs nominales, dont les rendements étaient négatifs. Les hypothèques se sont imposées, car nous octroyions depuis longtemps déjà des prêts à des communes et à des institutions proches de l’État. Ces prêts présentent des points communs avec les hypothèques: un degré de sécurité élevé, une longue durée, un taux fixe. En outre, les écarts sont plus importants pour les hypothèques; de notre point de vue, ils sont nettement plus élevés que les risques de défaillance éventuels.
Ă€ l’époque, il existait dĂ©jĂ quelques plateformes alternatives, mais l’activitĂ© hypothĂ©caire Ă©tait encore presque exclusivement aux mains des banques. Les choses ont changĂ© pour nous en 2016 lorsqu’¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß s’est mise en quĂŞte d’investisseurs institutionnels pour une première plateforme hypothĂ©caire. Après un examen approfondi, nous sommes arrivĂ©s Ă la conclusion qu’il s’agissait pour nous de la configuration idĂ©ale pour accorder des hypothèques pour des immeubles de rapport.
À quoi avez-vous veillé lorsque vous avez choisi la plateforme? Quels critères étaient décisifs pour vous?
À quoi avez-vous veillé lorsque vous avez choisi la plateforme? Quels critères étaient décisifs pour vous?
En 2016, deux critères Ă©taient essentiels pour nous: premièrement, le partenaire devait prĂ©senter un niveau de qualitĂ© Ă©levĂ© dans l’octroi de crĂ©dits et, deuxièmement, il devait se charger de la gestion de l’hypothèque après l’octroi. En effet, comme la plupart des caisses de pension, nous ne disposons pas de l’expertise nĂ©cessaire pour examiner minutieusement les demandes de crĂ©dit. Et nous n’avons pas non plus les ressources requises pour l’administration, entre autres pour l’encaissement et le recouvrement de centaines d’hypothèques. L’examen du crĂ©dit, en particulier, est capital. En fin de compte, en tant qu’investisseur, nous assumons le risque de placement. Nous devons donc pouvoir compter sans faille sur l’intermĂ©diaire. Cela a Ă©tĂ© possible avec ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß, et ce l’est toujours. Nous avons optĂ© pour key4 parce que le concept et les processus nous ont convaincus. La marque a, elle aussi, certainement jouĂ© un rĂ´le dans notre dĂ©cision: ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß nous fournit une offre globale qui nous convient parfaitement.
Et le grand moment est alors venu?
Et le grand moment est alors venu?
Tout à fait. En octobre 2016, il y a presque exactement six ans, nous avons octroyé notre première hypothèque via key4. Elle portait sur un immeuble locatif dans le canton de Soleure, avec un taux de 1,23% et une durée de dix ans. Pour key4, il s’agissait également de la toute première hypothèque. Nous sommes donc réellement un client de la première heure, et nous sommes toujours fidèles à la plateforme.
Que conseillez-vous aux caisses de pension qui souhaitent investir par le biais de plateformes hypothécaires?
Que conseillez-vous aux caisses de pension qui souhaitent investir par le biais de plateformes hypothécaires?
De procéder à une évaluation minutieuse et à un examen détaillé: quel est votre ressenti? Faites-vous confiance à l’exploitant de la plateforme? Vous donne-t-il l’impression d’être sérieux et pérenne? Comment jugez-vous son historique de performance? Dispose-t-il des ressources et de l’expertise requise pour évaluer en profondeur le bien immobilier, la solvabilité de l’emprunteur et la viabilité de l’hypothèque? Comment vous soutient-il sur le plan juridique et administratif, dans le domaine de l’encaissement et du recouvrement? À quel point ses processus sont-ils transparents? Quel est le niveau de ses frais et de ses commissions? Et, surtout, gardez à l’esprit qu’il devra encore être à vos côtés dans dix ans!
Investir dans des hypothèques avec key4
La plateforme hypothécaire key4 permet aux investisseurs d’investir, selon leur choix, aussi bien dans des immeubles de rapport que dans des logements habités par leur propriétaire. Elle met en rapport les emprunteurs et les investisseurs institutionnels sur la base des besoins des clients et des préférences des investisseurs. Ces derniers ont accès à des opportunités de placement dans des hypothèques dans toute la Suisse qui correspondent à leurs besoins en matière d’investissement.
Dans ce cadre, ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß est l’interlocuteur central pour la mise en relation des parties ainsi que pour l’examen des hypothèques et le suivi des portefeuilles d’hypothèques.
Faites-vous entièrement confiance Ă ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß sur le plan de l’examen du crĂ©dit?
Faites-vous entièrement confiance Ă ¶·ĹŁĆĺĹĆÔÚĎß sur le plan de l’examen du crĂ©dit?
En ce qui concerne l’emprunteur, oui. Comme nous devrions reprendre le bien immobilier en cas de défaillance, nous vérifions, dans le cas des immeubles locatifs, si nous pourrions les intégrer à notre portefeuille sans arrière-pensée. Nous faisons donc examiner chaque objet par nos experts en immobilier avant le nantissement, et il nous est déjà arrivé de refuser des demandes de crédit pour cette raison.
Qu’est-ce qui est le plus intéressant pour vous: les maisons individuelles ou les immeubles locatifs?
Qu’est-ce qui est le plus intéressant pour vous: les maisons individuelles ou les immeubles locatifs?
Du point de vue du volume d’investissement, le rapport entre les charges et les revenus d’une hypothèque de 10 millions pour un grand immeuble locatif est plus attrayant, en particulier si vous entendez atteindre un quota stratégique ambitieux. D’un autre côté, le profil de risque des hypothèques pour les logements habités par leur propriétaire diffère de celui des hypothèques pour les immeubles de rapport. En période de crise, le risque de défaillance est moins élevé pour les biens immobiliers habités par leur propriétaire, car les propriétaires mettront tout en œuvre pour pouvoir garder leur bien. Pour moi, il n’est pas question d’exclure un type de bien au profit de l’autre, mais de miser sur les deux.
Avez-vous déjà été confrontés à des défaillances de crédit?
Avez-vous déjà été confrontés à des défaillances de crédit?
Non, pas encore, heureusement. Il y a, bien entendu, toujours un certain risque. Mais la couverture est si bonne que le dommage resterait limité s’il devait y avoir une défaillance.
Les taux négatifs constituaient-ils votre principale raison d’investir dans les hypothèques?
Les taux négatifs constituaient-ils votre principale raison d’investir dans les hypothèques?
L’environnement de taux a été un déclencheur plus qu’une cause. Pour nous, la raison principale était que ces plateformes nous permettaient d’entrer sur un marché auquel nous n’avions jusqu’alors pas accès.
La Caisse de pensions Migros
Forte de 80 000 assurés et d’une fortune de placement de plus de 27 milliards de CHF, la CPM, qui a été fondée en 1934, compte parmi les plus grandes caisses de pension de Suisse.
Vous n’envisagiez pas du tout d’entrer sur le marché par vous-mêmes?
Vous n’envisagiez pas du tout d’entrer sur le marché par vous-mêmes?
Nous n’avons jamais abordé cette option. Cela aurait impliqué que nous mettions une grande équipe sur pied et que nous commencions par acquérir l’expertise nécessaire. L’investissement aurait été disproportionné. Par rapport aux frais que nous aurions dû assumer pour disposer de notre propre équipe de spécialistes, ceux engendrés par les plateformes sont plus bas. De plus, ils dépendent du résultat: ils ne sont dus que si nous parvenons à octroyer une hypothèque. Et, comme nous n’avons pas de réseau de distribution propre, nous aurions, de toute façon, dû passer par un intermédiaire.
Qu’est-ce qui rend les hypothèques si attrayantes pour les caisses de pension?
Qu’est-ce qui rend les hypothèques si attrayantes pour les caisses de pension?
Plusieurs aspects. Tout d’abord, les hypothèques représentent, pour nous, une nouvelle classe d’actifs supplémentaire qui affiche un bon rapport risque/rendement. Il s’agit de placements à long terme qui correspondent à l’horizon de placement des caisses de pension. Les hypothèques présentent des écarts malgré un risque très faible. Elles constituent une activité fondée sur les marges et, bien que celles-ci soient faibles et encore réduites par les frais, leur rendement est, au bout du compte, satisfaisant.
Toutes ces caractéristiques rendent les hypothèques attrayantes – à condition que l’on soit en mesure de tolérer l’illiquidité, ce que les caisses de pension peuvent, en général, se permettre.
La classe d’actifs «±á˛â±č´ÇłŮłóè±çłÜ±đ˛ő» gagnera-t-elle en importance?
La classe d’actifs «±á˛â±č´ÇłŮłóè±çłÜ±đ˛ő» gagnera-t-elle en importance?
Absolument, j’en suis convaincu. En 2015, les caisses de pension n’investissaient plus que 1,7% de leur fortune de placement dans les hypothèques. Cette valeur avait reculé pendant des années; en 2004, ces placements représentaient encore 3,8%. Depuis 2015, on assiste à un renversement de la tendance. Pour 2020, la statistique des caisses de pension de l’Office fédéral de la statistique fait état de 2,2%. Je vois deux raisons à ce retour en grâce. La première est que les caisses de pension ont pris acte du fait que les écarts des hypothèques étaient supérieurs à ceux de placements assortis d’un risque comparativement faible, et qu’elles agissent en conséquence. La seconde est que, avec les plateformes hypothécaires, les caisses de pension disposent maintenant d’un canal de distribution performant.
Les plateformes hypothécaires perdront-elles leur attrait lorsque les taux remonteront?
Les plateformes hypothécaires perdront-elles leur attrait lorsque les taux remonteront?
Non, je ne le pense pas. Cette classe d’actifs recèle un grand potentiel de croissance. Je connais des caisses de pension et des consultants qui s’intéressent de plus en plus à cette thématique. La tendance reste donc d’actualité, du moins du point de vue des caisses de pension. Et, puisque les plateformes en ligne constituent le seul canal de distribution important dont les caisses de pension disposent pour les hypothèques, elles continueront de croître. On assistera peut-être à un ralentissement lorsque d’autres valeurs à taux fixe reviendront sur le devant de la scène, mais la croissance restera au rendez-vous, car l’écart demeurera – simplement, le niveau des taux sera plus élevé.
Un argument qui parle en faveur des plateformes est la concurrence. Les investisseurs font-ils de la sous-enchère?
Un argument qui parle en faveur des plateformes est la concurrence. Les investisseurs font-ils de la sous-enchère?
Sur key4, l’investisseur n’est pas informé du nombre d’offres qu’un emprunteur reçoit. Nous ne savons donc pas si nous avons proposé des conditions plus favorables que celles d’un concurrent ou si nous étions le seul fournisseur. Mais, comme seule une partie des offres que nous avons soumises ont débouché sur un contrat, je pense que la concurrence joue effectivement un rôle.
Quelle méthode utilisez-vous pour calculer vos offres?
Quelle méthode utilisez-vous pour calculer vos offres?
Nous n’effectuons pas de calculs. Le marché évolue constamment. Aujourd’hui, nous savons par expérience et en nous basant sur le profil de risque de l’hypothèque jusqu’à quel niveau nous pouvons monter ou jusqu’à quel niveau nous devons descendre pour obtenir le contrat. La fourchette est très étroite, la concurrence se fait véritablement sentir. Les emprunteurs obtiennent des conditions extrêmement compétitives.
Les plateformes hypothécaires sont-elles alors une solution gagnant-gagnant?
Les plateformes hypothécaires sont-elles alors une solution gagnant-gagnant?
De toute évidence. À nous, les caisses de pension, elles permettent d’accéder à une classe d’actifs intéressante. Les emprunteurs obtiennent, pour leur part, des hypothèques à des conditions très avantageuses. Quant à la banque, elle gagne de l’argent avec les hypothèques sans devoir engager des fonds propres. Je dirais donc qu’il s’agit d’une constellation gagnant-gagnant-gagnant.

Stephan Bereuter
Stephan Bereuter
CIO de la Caisse de pensions Migros
Stephan Bereuter travaille à la Caisse de pensions Migros depuis 2021 et en est le CIO depuis 2022. Auparavant, il a passé 14 ans chez Generali Suisse, où il a, en dernier lieu, occupé le poste de responsable de la gestion des actifs de la société de fonds. Il est titulaire d’un CFA et a suivi la formation DAS Pensionskassen Management de la Haute École de Lucerne.
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